L’HISTOIRE DU CORAN

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L’HISTOIRE DU CORAN

L’HISTOIRE DU CORAN

L’HISTOIRE DU CORAN

Les musulmans croient que le Coran constitue l’ultime révélation de Dieu à l’humanité.  Ils croient qu’il s’agit de la parole littérale de Dieu, révélée sur une période de plusieurs années à Son dernier prophète, Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui). 

Le Coran est un livre empreint de sagesse, contenant des versets desquels ressortent la grandeur et la splendeur de Dieu, et qui sont un testament de Sa miséricorde et de Sa justice.  Il ne s’agit pas d’un livre d’histoire ni d’un recueil de récits ni d’un manuel scientifique, bien qu’il contienne un peu de chacun de ces genres.  Le Coran est le plus grand présent de Dieu à l’humanité; c’est un livre incomparable et inégalé.  Dans le second verset de la seconde sourate, Dieu parle du Coran comme d’un livre au sujet duquel il n’y a aucun doute, un guide pour les pieux, les vertueux et ceux qui craignent Dieu (Coran 2:2).

Le Coran constitue le cœur de l’islam.  Y croire est une condition sine qua non, pour le musulman.  Car quiconque ne croit pas au Coran dans sa totalité ne peut prétendre être musulman.

« Le messager croit en ce qui lui a été révélé de la part de son Seigneur, et les croyants (y croient aussi).  Chacun (d’entre eux) croit en Dieu, en Ses anges, en Ses livres et en Ses messagers.  (Ils disent) : « Nous ne faisons aucune distinction entre Ses messagers. »  Et ils disent : « Nous avons entendu et nous obéissons.  (Accorde-nous), Seigneur, Ton pardon, car c’est vers Toi que nous retournerons. » (Coran 2:285)

     

L’islam se fonde sur deux sources, le Coran et la sounnah (recueil des paroles et actions du prophète Mohammed), laquelle vient à la fois expliquer et/ou compléter le texte coranique.

 « Et Nous ne t’avons révélé le Livre que pour que tu leur expliques (les choses) au sujet desquelles ils sont en désaccord et afin (qu’il serve) de guide et de miséricorde pour les gens qui croient. » (Coran 16:64)

Le Coran fut révélé à Mohammed par l’ange Gabriel sur une période de vingt-trois ans.

 « Et c’est un Coran que Nous avons communiqué fragment par fragment pour que tu le récites aux gens graduellement. » (Coran 17:106)

Le prophète Mohammed reçut l’ordre de Dieu de transmettre le Coran à toute l’humanité et cette responsabilité lui fut lourde à porter.  Même lors de son sermon d’adieu, il demanda aux gens présents de témoigner du fait qu’il leur avait bel et bien transmis le message.

Le Coran explique le concept de Dieu, il explique en détail ce qui est permis et ce qui est interdit, de même que les bonnes manières et les principes moraux, et il établit des règles au sujet de l’adoration.  Il rapporte les histoires des prophètes de Dieu et de nos pieux prédécesseurs et il décrit le Paradis et l’Enfer.  Le Coran fut révélé pour l’humanité tout entière.

Le livre physique dans lequel est contenu le Coran est appelé moushaf, en arabe.  Le Coran est si unique en contenu et en style qu’il ne peut être traduit comme tel.  C’est pourquoi toute traduction n’est considérée que comme une interprétation du sens de ses versets.

Quand Dieu envoya des prophètes aux diverses nations de la terre, il arriva, à quelques reprises, qu’Il leur fasse accomplir des miracles qui étaient susceptibles d’avoir un impact positif sur les peuples auxquels ils s’adressaient.  À l’époque de Moïse, par exemple, la magie et la sorcellerie étaient fort répandues; c’est pourquoi certains des miracles que Dieu lui permit d’accomplir étaient liés à la magie.  À l’époque de Mohammed, les Arabes, bien qu’illettrés, pour la plupart, étaient connus comme les maîtres de l’art oratoire.  Leur poésie et leur prose étaient plus que remarquables et constituaient un modèle d’excellence littéraire.

Lorsque le prophète Mohammed se mit à réciter le Coran, les Arabes furent profondément émus par l’extraordinaire beauté de ses paroles et par l’excellence de ses rimes.  Le Coran fut donc le miracle avec lequel Dieu envoya Mohammed aux Arabes.  Mohammed était un illettré, incapable de lire ni d’écrire, et les Arabes savaient bien qu’il était donc incapable de produire des textes d’une telle éloquence.  Malgré cela, certains d’entre eux s’entêtèrent et refusèrent de croire que le Coran put être la parole de Dieu.  Dieu leur lança alors un défi, celui de produire un texte semblable à celui du Coran.  Dans le Coran, Dieu dit :

 « Et si vous êtes dans le doute au sujet de ce que Nous avons révélé à Notre serviteur (Mohammed), alors essayez donc de produire ne serait-ce qu’une sourate semblable, et appelez vos témoins que vous adorez en dehors de Dieu, si vous êtes véridiques. » (Coran 2:23)

Évidemment, ils furent incapables de relever le défi.  Par ailleurs, de nombreux Arabes se sont convertis simplement après avoir entendu la récitation du Coran, car ils ont su, immédiatement, qu’un texte d’une si sublime beauté ne pouvait provenir que de Dieu.  De nos jours encore, de nombreux musulmans arabophones sont émus aux larmes en écoutant ou en récitant le Coran.  Et même ceux qui ne comprennent pas l’arabe sont touchés par la beauté du Coran, lorsqu’ils l’entendent réciter.

Maintenant que nous avons démontré que le Coran est la parole de Dieu, il est également important de savoir que le Coran est demeuré inchangé depuis sa révélation, il y a environ 1400 ans.  De nos jours, lorsqu’un musulman, en Égypte, par exemple, tient un Coran dans ses mains et qu’il le lit, il ne fait aucun doute qu’il lit exactement les mêmes mots que le musulman qui lit le Coran en Indonésie.  Et l’enfant, aux États-Unis, qui tient le Coran dans ses mains et qui tente de le réciter pour la première fois prononce les mêmes paroles que celles qui sortirent de la bouche de Mohammed.

Dieu nous assure, dans le Coran, qu’Il protègera Sa parole jusqu’à la fin des temps.  Il dit :

« En vérité, c’est Nous qui t’avons révélé le Rappel et c’est Nous qui le préserverons, certes, (contre toute altération). » (Coran 15:9)
 

Cela signifie que Dieu le préservera contre toute altération, que ce soit une altération par ajout ou par omission.[1]  Il est donc protégé contre toute falsification et si quiconque tente de déformer les versets du Coran, Dieu guidera une personne afin qu’elle dénonce ouvertement une telle tromperie.[2]  Les musulmans croient que les révélations précédentes, transmises par Dieu – et cela inclut la Torah et l’Évangile – ont été soit perdues, soit altérées au point de ne plus être fiables.  Ils voient donc comme un soulagement le fait que les paroles de Dieu, i.e. le Coran, soient maintenant bien protégées.

Dieu a fait descendre le Coran à l’ange Gabriel au cours du mois de Ramadan.  Vous pourrez lire, dans la partie 2, le récit de sa révélation et de la façon dont il devint disponible dans le monde entier (avec des traductions en plus de 100 langues).

« Et c’est ainsi que, par Notre commandement, Nous t’avons révélé, (ô Mohammed), un Livre inspiré.  Tu n’avais aucune connaissance de l’Écriture ni de la foi; mais Nous en avons fait une lumière par laquelle Nous guidons qui Nous voulons parmi Nos serviteurs.  Et certes, tu guides vraiment [les gens, ô Mohammed] vers un droit chemin. » (Coran 42:52)

Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui), le dernier messager à être envoyé par Dieu, reçut le Coran en deux étapes.  Ces paroles de Dieu furent descendues pour faire sortir l’humanité de la noirceur dans laquelle elle se trouvait et la faire entrer dans la lumière; ces paroles sont un guide et une miséricorde pour l’humanité.  Au cours d’une nuit connue sous le nom de « Nuit du Destin », au cours du mois sacré de Ramadan, le Coran fut descendu de la Tablette Préservé[1], jusqu’au ciel le plus bas.  Puis, il fut descendu du ciel à la terre, petit à petit.

Cette révélation fut transmise au prophète Mohammed par l’intermédiaire de l’ange Gabriel.[2] Lorsque Mohammed avait environ quarante ans, il prit l’habitude de passer du temps seul, pour réfléchir.  Selon son épouse Aisha, cet amour de l’isolement lui avait été communiqué par des rêves agréables qu’il faisait.  Il se rendait dans une grotte, la grotte de Hira, pour méditer sur le sens de la vie, sur l’univers et sur son rôle sur terre.

Une nuit, durant le mois de Ramadan, un ange se présenta à lui et lui ordonna de lire.  Le Prophète, terrifié, ne sachant ni lire ni écrire, lui répondit : « Je ne sais pas lire! ».  Alors l’ange l’agrippa solidement et pressa si fort sur sa poitrine que la douleur fut à peine supportable.  L’ange le relâcha et lui ordonna à nouveau de lire.  Encore une fois, il lui répondit qu’il ne savait pas lire.  L’ange l’agrippa à nouveau et la même scène se répéta trois fois.  Puis, l’ange lui récita les premières paroles du Coran :[3]

« Lis : au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme (à partir) d’un caillot (de sang).  Lis!  Ton Seigneur est le Très Généreux, qui a enseigné par la plume, a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas. » (Coran 96:1-5)

Après cette première révélation, que Mohammed trouva, à raison, très terrifiante, il ne reçut plus la visite de Gabriel pour un certain temps.  La fois suivante, il le rencontra alors qu’il marchait, seul.  Il entendit une voix qui venait du ciel et lorsqu’il leva la tête pour voir qui l’appelait ainsi, il vit l’ange Gabriel assis sur une chaise entre le ciel et la terre.  Il fut de nouveau si terrifié qu’il courut jusque chez lui et demanda à ce qu’on l’enveloppe de vêtements, cherchant à se rassurer et à apaiser sa peur.  C’est à ce moment que vint la seconde révélation :[4]

« Ô toi, enveloppé dans ton manteau!  Lève-toi et avertis!  Exalte ton Seigneur!  Et tes vêtements, purifie-les!  Et fuis l’abomination! » (Coran 74:1-5)

Au cours des 23 années suivantes et jusqu’à peu de temps avant sa mort, le prophète Mohammed reçut la révélation du Coran petit à petit, par étapes.  Plusieurs raisons ont été suggérées pour expliquer cela : certains ont avancé que le Coran fut révélé à ce rythme pour permettre au Prophète de traiter de certains problèmes au fur et à mesure qu’ils survenaient.

« Parfois, c’est comme le tintement d’une cloche et cette forme de révélation est la plus difficile à supporter; ce tintement ne disparaît qu’après que j’aie bien saisi ce qui m’était révélé.  D’autres fois, Gabriel vient me voir sous une forme humaine; il me parle et je mémorise ce qu’il me dit. »[5]  Ibn Abbas a ainsi décrit Mohammed, lorsque ce dernier recevait la révélation : « Il la supportait difficilement et bougeait rapidement les lèvres. »[6]  Car au fur et à mesure que les paroles du Coran lui étaient révélées, Mohammed les mémorisait.

Les compagnons du Prophète comprirent vite à quel point était importante la mémorisation et c’est ainsi que cette pratique devint courante, dès les premières années de l’islam.  Le Prophète leur demandait de mémoriser ce qui lui était révélé.  Selon Ibn Ishaq, l’un des premiers biographes du prophète Mohammed, Abdoullah ibn Masoud fut le premier homme, après Mohammed, à réciter publiquement les versets du Coran et il fut sévèrement battu (par les mécréants) pour l’avoir fait.  Abou Bakr, le compagnon le plus proche de Mohammed, était également connu pour réciter le Coran à l’extérieur de sa maison, à la Mecque.[7]

Le Coran, donc, fut mémorisé par les musulmans du vivant du prophète Mohammed et cette tradition s’est poursuivie chez les générations suivantes.  De nos jours encore, les musulmans le mémorisent et récitent exactement les mêmes versets et les mêmes mots qui étaient récités par les Arabes du 7e siècle.   La majorité des Arabes de l’époque, incluant Mohammed, étaient illettrés, mais ils comprenaient tout de même l’importance des écrits.

En effet, préserver la révélation divine était d’une importance capitale.  C’est pourquoi des scribes fiables et honnêtes furent choisis pour mettre le Coran par écrit.  Parmi eux, les quatre hommes destinés à devenir califes de la nation musulmane après la mort de Mohammed, de même qu’un homme nommé Zaïd ibn Thabit, dont le rôle allait être vital dans la préservation du Coran pour les nombreuses générations suivantes.

Les supports matériels sur lesquels on pouvait coucher des écrits étaient rares, à l’époque; alors le Coran fut transcrit sur des peaux animales, des pierres de couleur claire, des os et des écorces d’arbres.  Les compagnons mettaient par écrit les paroles de la révélation et le Prophète les écoutait ensuite réciter ces paroles écrites pour s’assurer qu’il n’y avait aucune erreur.  On peut donc dire que le Coran fut mis par écrit sous la supervision immédiate du Prophète.  Le Coran ne fut pas révélé dans l’ordre que nous connaissons aujourd’hui; c’est l’ange Gabriel qui ordonna à Mohammed, plus tard, de placer les versets et les sourates dans cet ordre.

« En vérité, c’est Nous qui t’avons révélé le Rappel et c’est Nous qui le préserverons, certes, (contre toute altération). » (Coran 15:9)

Quand Dieu révéla Ses paroles de sagesse (le Coran) à l’humanité tout entière, Il assura les hommes qu’Il allait les préserver.  L’un des moyens par lesquels le Coran fut effectivement préservé contre toute altération fut par l’intermédiaire des hommes, des femmes et des enfants musulmans de l’époque de Mohammed qui mémorisèrent le Coran.  Dès les débuts de l’islam, l’emphase fut mise sur la mémorisation.  Puis, peu de temps après, ceux qui savaient lire et écrire le mirent par écrit sur différents supports matériels et ce, sous la supervision de Mohammed.  

On rapporte qu’au fur et à mesure que le Coran était révélé à Mohammed, par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, il appelait un scribe afin que celui-ci mette par écrit les paroles qui sortaient de ses lèvres.  Son scribe principal était un homme du nom de Zaïd ibn Thabit.  Plusieurs compagnons ont rapporté que Mohammed faisait appeler Zaïd en disant : « Dites-lui d’apporter sa tablette, son encre et son os d’omoplate. »[1]  Avant d’être colligé sous forme de livre, le Coran était ainsi écrit sur différents matériaux dont des morceaux d’écorce et des os.

L’une des raisons pour lesquelles le Coran ne formait pas un livre dès le départ est qu’il ne fut pas révélé dans l’ordre.  Les versets et les sourates furent révélés sur une période de 23 ans, souvent en réponse à divers événements qui survenaient au sein de la communauté.  Mais lorsque l’ange Gabriel transmettait les paroles de Dieu au Prophète, il lui disait quelle place devait occuper tel verset et telle sourate, dans ce qui allait, plus tard, prendre la forme d’un livre.

Le Coran fut mis par écrit sous la supervision immédiate du prophète Mohammed.  Outhman, l’un des compagnons proches du Prophète, rappela que « lorsqu’une révélation lui était transmise, le prophète Mohammed faisait appeler l’un des scribes à son service et lui disait : « Mets ces versets dans la sourate où telle et telle chose est mentionnée » et si un seul verset était révélé, il disait : « Mets ce verset dans telle sourate »[2].

C’est ainsi qu’à la mort du Prophète, des parties du Coran se trouvaient chez plusieurs membres de la communauté.  Certains ne possédaient que quelques pages, qu’ils utilisaient pour apprendre à réciter, tandis que d’autres, comme les scribes, avaient plusieurs sourates en leur possession.  Et d’autres, encore, ne possédaient qu’un morceau d’écorce ou de peau animale sur lequel n’était inscrit qu’un seul verset.

À l’époque du califat d’Abou Bakr, qui fut le premier calife après la mort de Mohammed, la grande communauté musulmane se retrouva en situation de désordre civil.  De faux prophètes apparurent et plusieurs personnes perplexes et égarées, incapables de maintenir leur foi en l’absence de Mohammed, abandonnèrent l’islam.  Des batailles et des échauffourées eurent lieu et plusieurs des hommes qui avaient mémorisé le Coran y laissèrent leur vie.

Abou Bakr craignait que le Coran ne se perde, alors il consulta certains des compagnons de longue date sur l’idée d’une compilation des versets en un seul livre.  Il demanda à Zaïd ibn Thabit de superviser le tout.  Au début, Zaïd se sentit mal à l’idée de faire une chose qui n’avait pas été autorisée par le Prophète lui-même.  Il accepta néanmoins de rassembler les divers manuscrits et d’aller voir ceux et celles qui avaient mémorisé le Coran pour former une compilation, le moushaf.  Dans les livres de hadiths, on retrouve le récit sur la façon dont Zaïd compila les versets et sourates pour en faire un livre.[3]

« Abou Bakr m’envoya chercher à l’époque où furent tués les gens d’al-Yamaamah [ i.e. certains compagnons du Prophète qui luttèrent contre le faux prophète Mousaylimah].  J’allai le voir et je trouvai Omar ibn al-Khattab assis avec lui.  Abou Bakr me dit : « Omar m’a appris que les victimes sont nombreuses parmi ceux qui connaissaient le Coran par cœur et je crains que si d’autres de nos compagnons tombent au combat, une grande partie du Coran ne soit perdue avec eux.  Il me conseille donc d’ordonner que le Coran soit mis sous forme de livre. »

Je dis à Omar : « Comment peux-tu suggérer une chose que le Messager de Dieu n’a jamais faite lui-même? »  Omar dit : « Par Dieu, c’est pourtant une bonne chose. »  Puis il insista pour que j’accepte sa proposition jusqu’à ce que Dieu ouvre mon cœur à cette idée et que je commence à comprendre qu’il y avait du bon dans tout cela.  Alors Abou Bakr me dit : « Tu es un jeune homme avec beaucoup de sagesse et nous ne doutons pas un instant de toi; tu mettais par écrit la révélation divine pour le Messager, alors je te prie d’aller à la recherche des fragments écrits du Coran et de les rassembler en un seul livre. »

Zaïd avait mémorisé tout le Coran par cœur et avait été le scribe en qui le Prophète avait le plus confiance.  Il lui aurait donc été possible, s’il l’avait voulu, de mettre par écrit, de mémoire, tout le Coran.  Mais il ne voulut pas se fier qu’à sa mémoire.  Il fut très consciencieux et méthodique dans sa compilation et ne mettait par écrit aucun verset avant qu’il n’ait été vérifié et confirmé par au moins deux des compagnons du Prophète.

C’est ainsi que le Coran fut écrit et compilé sous forme de livre.  Ce livre resta avec Abou Bakr jusqu’à sa mort, puis fut remis à Omar ibn al-Khattab.  Après la mort d’Omar, il fut remis à sa fille, Hafsah.  Mais là ne s’arrête pas l’histoire du Coran.  À l’époque d’Outhman, le troisième calife, le moushaf, i.e. le livre contenant les paroles de Dieu (le Coran) devint standardisé.  Dans la partie 4, nous apprendrons comment le moushaf connu comme le « Coran d’Outhman » fut établi.

Quand le Coran fut révélé au prophète Mohammed, par l’ange Gabriel, il fut révélé en sept dialectes arabes.[1]  Par conséquent, quand différents compagnons le récitaient, il y avait parfois de légères différences de prononciation.  Lorsque le Prophète était encore vivant, il arrivait à clarifier et régler la plupart des désaccords de prononciation.

Dans un hadith, Omar ibn al-Khattab rapporte une anecdote qui démontre clairement à quel point les gens de l’entourage du Prophète avaient à cœur de préserver l’authenticité du Coran et comment le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) arrivait à régler tous les malentendus.  Il raconte :

« J’entendis Hisham ibn Hakim réciter un passage de manière différente de la mienne.  Je voulus immédiatement le corriger (durant la prière), puis je décidai d’attendre qu’il ait terminé, pour ensuite l’amener devant le Messager de Dieu.  Là, je dis à ce dernier : « Je l’ai entendu réciter d’une manière différente de celle que tu m’as apprise. »  Le Prophète m’ordonna de le lâcher et demanda à Hisham de réciter, ce que fit ce dernier.  Alors le Prophète dit : « C’est ainsi que ce texte fut révélé. »  Il me demanda ensuite de réciter le même passage, ce que je fis.  Il dit alors : « C’est ainsi que ce texte fut révélé.  Le Coran fut révélé de sept façons différentes, alors récite-le de la manière qui est la plus facile pour toi. »[2]

Après la mort du Prophète, des centaines de milliers de non-arabophones se convertirent à l’islam.  Quand Outhman ibn Affan devint calife, le Coran était récité dans plusieurs dialectes, avec divers accents.  De nombreuses personnes, et surtout celles qui venaient d’embrasser l’islam, ne s’y retrouvaient plus et certains des compagnons du Prophète commencèrent à craindre que l’authenticité du Coran ne soit menacée.

Lors d’un voyage, l’un des compagnons du Prophète remarqua qu’à travers la nation musulmane, les gens récitaient le Coran de plusieurs manières différentes.  Il suggéra alors à Outhman d’établir une version orale officielle dans le dialecte de la tribu de Qouraish et une version écrite officielle dans le style littéraire utilisé à Médine.  Tous les dialectes de la langue arabe étaient connus pour leur grande éloquence, mais celui de Qouraish était considéré comme le plus expressif et le plus articulé; c’est pourquoi, à travers plusieurs générations, il avait fini par être connu comme le dialecte du Coran.

Outhman ibn Affan connaissait le Coran par cœur et avait une connaissance approfondie des contextes et des circonstances dans lesquels chaque verset du Coran avait été révélé; il était donc la personne toute désignée pour superviser la standardisation du Coran.  Comme nous l’avons vu, les divers fragments du Coran avaient été colligés lors du califat d’Abou Bakr et se trouvaient désormais entre les mains de Hafsah, fille d’Omar ibn al-Khattab et épouse du Prophète.  Outhman demanda donc à Hafsah de lui remettre le moushaf original.  Dans les hadiths, on rapporte ainsi ce qui se passa par la suite :

Houdhayfah vint voir Outhman à l’époque où les peuples de Syrie et d’Iraq étaient en guerre contre ceux de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan.  Il fut très inquiet de constater les différences de récitation (entre les Syriens et les Irakiens).  Il dit donc à Outhman : « Ô guide des croyants!  Sauve cette nation avant qu’elle ne se querelle au sujet du Coran, comme les juifs et les chrétiens se sont disputés au sujet de leurs livres. »  Alors Outhman envoya un message à Hafsah, qui disait : « Envoie-nous le manuscrit afin que nous en fassions des copies et nous te le rendrons par la suite. »[3]

Outhman demanda donc aux compagnons les plus fiables, incluant, pour la deuxième fois, Zaïd ibn Thabit, de rédiger des copies du manuscrit, en leur disant : « En cas de désaccord, copiez-le dans le dialecte de Qouraysh. »[4]

Le manuscrit original fut rendu à Hafsah et Outhman ordonna que toutes les copies non-officielles, que possédaient les gens, soient brûlées ou détruites par d’autres moyens.  C’est ainsi qu’il mit fin aux querelles et aux désaccords et que les musulmans furent unis par une version unique.  Le « Coran d’Outhman » est celui qui est utilisé, de nos jours, par plus de 1,2 milliards de musulmans, à travers le monde.  Le Coran fut donc préservé de génération en génération, chaque moushaf étant l’exacte copie de l’original.

 « En vérité, c’est Nous qui t’avons révélé le Rappel et c’est Nous qui le préserverons, certes, (contre toute altération). » (Coran 15:9)

On ne sait pas exactement combien de copies furent rédigées sous la supervision d’Outhman, mais plusieurs croient qu’il y en avait cinq, excluant sa propre copie.  Les villes de La Mecque, de Médine, de Damas, de Koufa et de Bassorah en reçurent chacune une copie.  On retrouve, dans les ouvrages littéraires de l’époque, plusieurs références à ces copies et l’on croit que certaines d’entre elles existent encore, de nos jours, en Turquie et en Ouzbékistan.

Au 14e siècle, ibn Batuta affirma avoir vu des copies ou des feuilles de ces copies du Coran préparées sous la supervision d’Outhman à Grenade, à Marrakech, à Bassorah et dans d’autres villes.  Ibn Kathir rapporta avoir vu une copie du Coran d’Outhman, qui avait été apportée à Damas, en provenance de la Palestine.  Il raconte qu’il s’agissait d’un livre « très gros, rédigé dans une belle calligraphie, clairement lisible, avec une encre très foncée, en parchemin fait, je crois, de peau de chameau. »[5]  Ibn Joubayr rapporta avoir vu le manuscrit d’Outhman, dans la mosquée de Médine, en l’an 1184 de l’ère chrétienne.  Certains affirment qu’il serait demeuré à Médine jusqu’à ce que les Turcs s’en emparent, lors de la Deuxième Guerre Mondiale.  Le Traité de Versailles contient d’ailleurs la clause suivante :

Article 246: dans les six mois suivant l’entrée en vigueur du présent traité, l’Allemagne devra rendre à Sa Majesté, le Roi du Hedjaz, le Coran original du calife Outhman, qui fut retiré de Médine par les autorités turques et que l’on dit avoir été offert à l’ex-empereur Guillaume II. 

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